La charge de professeur à dominante enseignante dans les universités de l’Ontario

Sommaire de la recherche :

Changement de culture dans les universités : création d’une fonction professorale centrée sur l’enseignement

En Ontario comme dans de nombreuses parties du monde, la hausse du nombre d’inscriptions, la réduction du financement par étudiant et l’importance accrue accordée à la qualité de l’éducation exercent des pressions sur le secteur de l’enseignement supérieur et l’obligent à trouver des solutions novatrices. Une approche, utilisée à des degrés divers en Ontario et ailleurs dans le monde, est la création d’une fonction professorale centrée sur l’enseignement et les activités connexes.

Mais cette approche aide-t-elle les universités actives en recherche à résister aux pressions associées à la hausse du nombre d’inscriptions tout en améliorant la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage? Ou accélérera-t-elle le développement d’un système à deux niveaux où les professeurs dédiés à l’enseignement sont considérés comme ayant moins de valeur pour l’institution? La création d’une fonction professorale centrée sur l’enseignement est-elle une innovation utile ou, comme l’Union des associations des professeurs des universités de l’Ontario l’a affirmé, « un dangereux précédent qui dévalue le rôle traditionnel du professeur ».

Un nouveau rapport commandité par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur explore ces enjeux et d’autres questions touchant la création d’une fonction professorale centrée sur l’enseignement, approche qui marque un important virage par rapport au modèle traditionnel selon lequel les professeurs devraient consacrer 40 % de leur temps à l’enseignement, 40 % à la recherche et 20 % à d’autres services.

Description du projet

Le rapport intitulé  La charge de professeur à dominante enseignante dans les universités de l’Ontario examine la documentation pertinente, donne une vue d’ensemble de l’éventail actuel de ces postes à temps plein dans les universités de l’Ontario, établit des comparaisons avec des postes semblables aux niveaux national et international, et fait une analyse critique des avantages et inconvénients de faire davantage appel à des professeurs dédiés à l’enseignement dans les universités de l’Ontario. Le rapport présente huit recommandations au cas où il serait envisagé d’augmenter le nombre de professeurs dédiés à l’enseignement.

Constatations/Répercussions sur les politiques

Selon le rapport, 11 des universités ontariennes sondées emploient actuellement des professeurs dédiés à l’enseignement et ceux-ci sont généralement satisfaits et engagés dans leur travail. Lorsqu’on leur a demandé s’ils demanderaient à être transférés dans un poste traditionnel de recherche et d’enseignement fondé sur une discipline si l’occasion se présentait, 75 % des professeurs dédiés à l’enseignement qui ont participé à l’étude ont répondu qu’ils choisiraient de rester dans leur poste.

Selon le rapport, il n’existe pas de preuves concluantes permettant d’affirmer ou d’infirmer que la création d’une fonction professorale centrée sur l’enseignement améliore l’expérience d’apprentissage des étudiants, mais il n’y a presque pas de corrélation entre l’efficacité de l’enseignement et l’efficacité de la recherche au niveau de l’étudiant et du département. En fait, la plupart des études suggèrent une relation inverse entre la productivité en recherche et la qualité de l’enseignement — du moins selon les sondages sur la satisfaction des étudiants, conclut le rapport.

Les données empiriques semblent indiquer que certains membres de la faculté actifs en recherche perçoivent l’enseignement comme un fardeau qui nuit à la recherche, mais elles indiquent aussi que les professeurs qui participent à des activités d’enseignement et de développement de l’apprentissage sont plus susceptibles d’offrir un enseignement efficace. « Il semble donc raisonnable de conclure à une relation positive entre la présence de professeurs dédiés à l’enseignement et la qualité de l’expérience d’apprentissage des étudiants », ajoutent les auteures.

Parmi les avantages perçus de l’approche ciblée sur l’enseignement : une concentration sur l’enseignement et les besoins des étudiants et un emploi sûr pour les professeurs qui désirent se consacrer à l’enseignement. Parmi les inconvénients perçus : un système institutionnel à deux niveaux qui dévalorise l’enseignement au profit de la recherche, la nécessité pour les membres de la faculté de participer à des travaux de recherche afin d’assurer la qualité de l’expérience des étudiants, et le besoin d’équilibrer la charge de travail de façon appropriée entre l’enseignement, la recherche et les autres services.

Le rapport ajoute que les problèmes associés à un recours accru à des professeurs dédiés à l’enseignement sont complexes et variés et remettent en question une grande partie des caractéristiques traditionnelles de l’université – décrite comme étant une culture fondée sur le rang et le statut qui s’identifie étroitement avec la mission de recherche. Les auteures reconnaissent un degré élevé de résistance culturelle et mentionnent l’intégration limitée des postes centrés sur l’enseignement dans la culture universitaire, notamment attribuable à la lenteur avec laquelle évoluent les conventions collectives.

Les auteures recommandaient notamment ce qui suit pour instaurer ou élargir le recours à des professeurs centrés sur l’enseignement : les établissements doivent tenir compte des besoins et de l’environnement spécifiques à leurs facultés, leurs départements et leurs programmes; ils doivent commencer en douceur et élargir graduellement le nouveau rôle; les présidences et les chefs de département devraient être sensibilisés au nouveau rôle; et tous les membres de la faculté doivent être encouragés à participer à la science de l’enseignement et de l’apprentissage. Les auteures identifient aussi d’autres avenues de recherche à explorer, dont l’impact des professeurs dédiés à l’enseignement sur la qualité de l’apprentissage des étudiants et les expériences des membres de la faculté dans des rôles sessionnels et à temps partiel. Elles préconisent également une plus grande représentation des syndicats et des associations de professeurs pour qu’ils puissent partager leurs points de vue sur le rôle des professeurs dédiés à l’enseignement.

Le rapport La charge de professeur à dominante enseignante dans les universités de l’Ontario a été rédigé par Susan Vajoczki, Nancy Fenton et Karen Menard de l’Université McMaster avec la chercheuse indépendante Dawn Pollon.