Évaluation des investissements publics dans les études supérieures : insuffisance de données

Évaluation des investissements publics dans les études supérieures : insuffisance de données 

Au cours de la dernière décennie, le gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux ont fait des investissements appréciables dans l’enseignement aux cycles supérieurs. Bien que les données disponibles révèlent les tendances au plan de l’effectif, il existe des lacunes notables dans les données concernant d’autres aspects importants de l’enseignement supérieur, les résultats au titre de la situation d’emploi par exemple, constatent les auteurs d’un nouveau rapport du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur. 

Dans ce rapport –  Intentions et résultats associés aux investissements gouvernementaux dans l’enseignement aux cycles supérieurs pendant une décennie  –, on réclame des investissements additionnels en collecte de données – tant pour évaluer l’efficacité des investissements accrus que l’enseignement aux cycles supérieurs. « À notre avis, il serait bon que les gouvernements versent les sommes qui permettraient de réunir et de diffuser les données nécessaires pour évaluer le rendement de leurs investissements », font valoir les auteurs du rapport.

Description du projet

Par le biais d’une revue de la littérature et d’une analyse de données, les auteurs du rapport examinent l’évolution, de 1998 à 2010, des inscriptions aux études supérieures et du nombre de diplômes octroyés selon le cycle, le sexe, le statut d’immigration (étudiants canadiens ou étrangers), la province et le champ d’études. Ils établissent des liens entre cette évolution et les énoncés de politique des gouvernements fédéral et provinciaux et les investissements subséquents dans l’enseignement aux cycles supérieurs. Les données financières ont été obtenues surtout en communiquant directement avec les universités, les ministères provinciaux et les trois conseils subventionnaires fédéraux. Les données concernant l’évolution du nombre d’inscriptions et de diplômes décernés ont été tirées du Système d’information sur les étudiants postsecondaires de Statistique Canada.

Constatations

Au niveau fédéral, les dépenses affectées de 1999 à 2010 aux bourses d’études supérieures (en sus des montants de base de 1998) ont excédé 850 millions de dollars. Au niveau provincial, les investissements dans les bourses d’études et le fonctionnement en vue d’augmenter l’effectif des cycles supérieurs (aussi en sus des montants de base de 1998) ont totalisé plus de 1,9 milliards de dollars.

Exacerbant la pénurie de données sur les résultats relatifs aux diplômés, les auteurs font aussi valoir la rareté des objectifs mesurables quant aux investissements dans les études supérieures. Par exemple, au niveau fédéral, les objectifs varient de « former la main-d’œuvre la plus qualifiée et la plus talentueuse au monde », que les auteurs qualifient de non mesurable, à des cibles numériques très spécifiques comme «augmenter de 5 % par an en moyenne le nombre des étudiants inscrits à la maîtrise et au doctorat dans les universités canadiennes ».

« Malgré nos efforts pour réunir des données, avec la coopération de divers organismes et gouvernements, et malgré une analyse détaillée, nous ne pouvons relever qu’un nombre très limité de résultats à la suite de ces importants investissements. Dans certains cas, il était difficile de déterminer exactement quels étaient les buts visés », de déclarer les auteurs.

Des données disponibles se dégagent des tendances claires, indique-t-on dans le rapport. Depuis 2003, le taux de croissance des inscriptions au niveau du doctorat est plus élevé qu’au niveau de la maîtrise, mais le recul des étudiants à temps partiel au niveau du doctorat est plus fort qu’au niveau de la maîtrise. Les femmes comptent pour une plus forte proportion des inscriptions au niveau des études supérieures, alors que le nombre d’étudiants étrangers augmentent à un rythme plus rapide que le nombre d’étudiants canadiens.

Dans la plupart des cas où les provinces ont expressément subventionné l’expansion des cycles supérieurs, la croissance provinciale a été proportionnelle au financement consenti. La majeure partie de l’expansion des cycles supérieurs a néanmoins eu lieu dans l’U15 (un groupe d’universités canadiennes à forte prédominance de recherche) et dans d’autres grandes universités. Les disciplines STIM n’ont pas dominé la croissance au 2e cycle, elles ont par contre été dominantes au 3e cycle. Le commerce a été le champ dominant du 2e cycle tandis que les sciences physiques et de la vie ont dominé le 3e cycle. 

« Dans l’ensemble, seuls quelques-uns de ces résultats sont surprenants. Les provinces qui ont investi dans l’expansion de l’enseignement aux cycles supérieurs ont réalisé leur objectif et ont, dans certains cas, accru leur part de l’effectif national des 2e et 3e cycles, de préciser les auteurs. Le Programme de BESC semble avoir réussi à stimuler les inscriptions au niveau doctoral, mais il n’a pas eu le même effet au niveau de la maîtrise. » 

Recommandations

Les auteurs mentionnent un certain nombre de domaines qui pourraient être étudiés à l’aide des données disponibles, dont les résultats au titre de la situation d’emploi et l’évolution de la nature de l’enseignement supérieur, par exemple, l’instauration des compétences transférables (et la conséquence de tels changements sur les résultats au titre de la situation d’emploi).  

« “Dans l’avenir, il sera important de rassembler des données plus exhaustives sur ces points, afin de mieux comprendre le rôle que joue l’enseignement aux cycles supérieurs dans le pays, ainsi que l’effet de l’accroissement des investissements sur cet enseignement et sur les récipiendaires de grades, de souligner les auteurs. Notre recommandation serait de clarifier les énoncés de politique et d’assortir les investissements gouvernementaux d’un engagement à réunir les données nécessaires pour mesurer les résultats. » 

Les auteurs du rapport Intentions et résultats associés aux investissements gouvernementaux dans l’enseignement aux cycles supérieurs pendant une décennie sont Fred L. Hall, et Hillary Arnold du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur.